L’usage de cette tour en pierre de taille datée du XIIe siècle constitue un mystère dont personne n’a jusqu’à présent pu trouver la clé.
Construite en pleine Forêt-Noire, la tour ne comporte aucune autre ouverture qu’une petite fenêtre à son dernier étage, de sorte que l’on ne peut ni y entrer ni en sortir. Quoiqu’à proximité du château d’Heidelberg, ruiné par les troupes de Louis XIV lors du sac du Palatinat, rien n’indique un quelconque lien entre les deux édifices. Lorsque ce serait le cas, la question de la fonction de l’édifice resterait entière.
Longtemps considérée comme un réservoir, la tour de Rapunzel a pu également être un reclusoir, ces édicules uniquement muni d’une fenêtre où vivait le ou la reclus.e qui avait choisi de s’y faire enfermer afin d’y faire pénitence.
Celle-ci pouvait être extrêmement longue et plusieurs reclus le restèrent jusqu’à la mort : on peut citer le cas de Berthe d’Utrecht (v. 1426-1514) qui vécut recluse durant près de cinquante ans.
Cette hypothèse ne tient cependant pas si l’on considère que les reclusoirs se trouvent en général à proximité d’une chapelle afin que son occupant.e puisse y entendre la messe. Il faut également que le reclus ne se trouve pas trop éloigné d’une bourgade, car sa survie dépend de l’aumône de nourriture qu’il reçoit quotidiennement par la fenêtre du reclusoir. Celle de la tour Rapunzel est située bien trop haut pour avoir eu un tel usage et les recherches menées à l’intérieur n’ont pas révélé de traces de présence humaine.
Il faut donc pour le moment se résoudre à laisser la tour Rapunzel sous la garde des esprits et sorcières de la forêt, en attendant de trouver enfin sa raison d’être.
RAPUNZEL (TOUR DE)
Localisation : Allemagne
Époque : XIIe siècle
Apparaît dans : « Raiponce ou l’herbe d’amour » in Contes de l’enfance et du foyer (volume 1) des frères Grimm
Références visuels : photo d’une tour du Pays de Galles dite Tour de Raiponce, photo d’Olivia Ashcraft, tous droits réservés ; Manuscrit de Poitiers, Perceval à la Recluserie, encre et dorure sur parchemin, XVe siècle, Bibliothèque Nationale de France, tous droits réservés.
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