Manderley (manoir de)

Invisible depuis la route, ce n’est qu’après avoir passé la grille de fer forgé et dépassé le pavillon du gardien que l’œil du visiteur peut embrasser ce manoir de Cornouailles.

Haut de trois étages, l’édifice se compose d’un unique corps de logis dont la symétrie de la façade n’est rompue que par la saillie d’un avant-corps central. La pierre grise utilisée, que l’on retrouve dans bon nombre de châteaux et manoirs de Grande-Bretagne toutes époques confondues, donne à Manderley un aspect imposant malgré des dimensions modestes.

Construit dans la seconde moitié du XVIe siècle et modifié par ses propriétaires successifs, le manoir ne prend l’aspect que nous lui connaissons que dans la première moitié du XVIIIe siècle. Détruit par un incendie criminel en 1938, il est reconstruit à l’identique en 1940 par Maxim De Winter (1896-1979) dont la famille possède encore le domaine de nos jours.

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« Incendie du manoir de Mandeley », extrait des actualités cinématographiques du 27 mars 1938
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Portrait de Maxim De Winter par Georges Barnes, 1940, collection privée.

 

D’origine néerlandaise, les De Winter descendent en droite ligne des généraux flamands qui, aux côtés des Bretons et des Angevins, apportèrent leur soutien aux armées de Guillaume le Conquérant lorsque celui-ci entreprit de reprendre le trône d’Angleterre à Harold II (1020-1066).

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Le roi Harold II, tapisserie de Bayeux, 1066-1082, broderie sur lin,  Bayeux, Musée de la Tapisserie

 

Une fois la reconquête achevée, les ancêtres des De Winter s’établirent définitivement en Grande-Bretagne et firent fortune grâce au commerce avec les Flandres, alors carrefour économique de l’Europe du Nord.

Anoblis par la reine Elizabeth Ière (1533-1603) vers le milieu du XVIe siècle, ils entreprirent peu de temps après la construction de Manderley. Il ne reste cependant que peu de traces de ce château primitif, à l’exception de quelques éléments de décor, actuellement présentés dans l’un des salons du rez-de-chaussée, ouvert à la visite depuis le XIXe siècle avec une partie du premier étage.

On peut entre autre y admirer une copie du portrait de lady Caroline De Winter (1716-1760) peint par Thomas Gainsborough (1727-1788), et dont l’original a malheureusement disparu dans l’incendie de 1938.

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Vue du portrait de Lady Caroline De Winter, extrait du reportage « Incendie du manoir de Manderley », actualités cinématographiques du 27 mars 1938

 

Le visiteur tournera ensuite ses pas vers les jardins, qui offrent une vue incomparable de l’océan en contrebas. C’est par ailleurs dans les roseraies de Manderley que furent créés plusieurs spécimens recherchés de roses anglaises; l’une des plus fameuses est sans conteste la Rebecca, reconnaissable à ses pétales abricot autour d’un cœur rouge vif, et caractérisées par son parfum sucré particulièrement entêtant.

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MANDERLEY (MANOIR DE)

Localisation: Cornouailles, Angleterre

Epoques: XVIe-XIXe-XXe siècles

Apparaît dans: Rebecca (Daphné du Maurier. Adaptation cinéma par Alfred Hitchcock)

Références visuels: Vue anonyme de Milton Hall, vers 1920; extraits de Rebecca, Alfred Hitchcock, 1940, Selznick International Pictures, tous droits réservés; portrait de Laurence Olivier sur le tournage de Rebecca, 1940; Rose Joseph Coat, 2008, blog « Bienvenue dans ma nature », tous droits réservés

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